Interview de Roser Arpon – Fondatrice de Supply Optimum – pour ITchannel, le 11 juin 2019

A l’occasion d’un événement qu’elle organise le 18 juin prochain à partir de 19:30 sur une péniche à Paris pour présenter sa société de conseil en Supply Chain ‘’Supply Optimum’’, nous avons rencontré Roser Arpon, la fondatrice.

Qui êtes-vous ?

Née à Barcelone, je suis arrivée en France à l’âge de 20 ans. Amoureuse de Paris, j’ai décidé de continuer mon aventure, de me former et de m’investir professionnellement. Passionnée, curieuse, et toujours motivée, j’ai eu la chance d’être entourée de personnes qui m’ont inspiré, qui m’ont fait confiance et qui m’ont aidé à grandir dans mon parcours.
Mes premières expériences opérationnelles de la relation clients dans le médical et dans l’électronique Grand Public (Marantz, Harman Kardon, JBL) m’ont permis de développer le sens du client et mon intérêt pour la logistique.
Ensuite, je suis arrivée dans le groupe Toshiba. Grâce à mon investissement j’ai pu évoluer et d’élargir mon expertise de la Supply Chain pendant plus de 15 ans. Expérience que j’ai complétée par un Master Spécialisé Supply Chain à l’ESSEC et par la certification d’Audit logistique de FRANCE SUPPLY CHAIN.

Pourriez-vous présenter Supply Optimum ?

Supply Optimum est né de la volonté d’aider, une valeur qui m’est très chère. Pouvoir aider les entreprises qui ont besoin de conseil pour optimiser la performance de leur société grâce à la maîtrise d’une Supply Chain d’excellence est un challenge pour moi.
Mais… c’est en 2016 que tout commence… J’assiste à une conférence organisée par FRANCE SUPPLY CHAIN (Association de la Logistique et de la Supply Chain) sur la maturité de la Supply Chain des entreprises françaises et autour de 5 thématiques : Agilité et résilience / Omni-canal / Digitalisation / Responsabilité Sociale des Entreprises / Ressources Humaines.
Les résultats de cette évaluation montrent une maturité moyenne, tous secteurs confondus, de 2,3 points sur 4. Les grands groupes, quant à eux, se situent à 2,8 points !
Mais alors, si les grandes organisations obtiennent un tel score, quel est le niveau exact de maturité des ETI, PME et TPE en France ?
La marge de progression est immense. C’est ici que mon envie d’accompagner les ETI, les PME et les TPE dans la mise en place d’un système de pilotage efficace est né. Les résultats de cette enquête sont devenus pour moi une vraie source d’inspiration.

Que proposez-vous ?

Supply Optimum propose des services de conseil en Supply Chain et accompagne les entreprises dans les projets d’amélioration de leur organisation logistique globale (production, approvisionnements, stocks, entreposage, transport amont et aval, processus opérationnels, projets d’externalisation, projets d’internalisation, projets de transformation, projets d’accompagnement import / export).
Nos prestations d’audit logistique relèvent d’une approche cohérente et respectent la conformité du référentiel FRANCE SUPPLY CHAIN modèle des bonnes pratiques de la Supply Chain. Il répond à toutes les problématiques posées par la fonction logistique dans une activité́ industrielle ou de distribution.
En analysant le mode de fonctionnement existant de manière objective, nous identifierons les points d’amélioration nécessaires et les solutions possibles. L’objectif étant d’aider l’entreprise à réduire son BFR, de dégager de la trésorerie, d’améliorer la qualité du service et d’optimiser les cycles de production. Nous sommes dans une recherche d’excellence opérationnelle.
Supply Optimum veut être présente dans le digital et pour cela, nous avons développé des solutions d’accompagnement personnalisées en ligne sous forme d’abonnement. L’aspect relationnel et humain de ces échanges est essentiel pour nous.

A qui ? Quel est le profil de vos clients ? Retail ? B2B ? dans un segment particulier de produits ?

L’activité de Supply Optimum permet d’approcher tout profil de clients ayant une problématique liée au pilotage de la Supply Chain, toutefois, notre offre en ligne ‘’Supply Online » est dédiée aux ETI, TPE et PME n’ayant pas d’experts de la fonction au sein de l’entreprise.
Le développement à l’international peut faire peur aux entreprises, les changements liés à un Brexit dur prévu en octobre peuvent impacter négativement la rentabilité des petites entreprises. Il faut pouvoir anticiper les actions nécessaires pour être prêt et y faire face.
Quelle est la valeur de stock obsolète que les entreprises passent en destruction ? Et si nous imaginions l’utilisation d’une infime partie de cette valeur à faire appel à un expert de la Supply Chain ?
Nous pensons que toutes les entreprises doivent avoir la possibilité de se faire accompagner dans le développement de leur activité d’une manière simple et efficace.

Quels sont les avantages de faire appel à un conseil extérieur pour optimiser sa Supply Chain ?

Aujourd’hui, le pilotage de la Supply Chain est un levier de croissance et un élément stratégique pour les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. Elle agit directement sur les composants du BFR (les règlements fournisseurs, les créances clients et les stocks) et les maîtriser est essentiel.
Certaines entreprises disposent de ressources limitées pour analyser le fonctionnement et la performance de leur Supply Chain.
Faire appel à un conseil extérieur peut permettre de s’appuyer sur des expertises manquantes au sein de l’entreprise et d’identifier rapidement les principaux leviers d’optimisation. Les avantages sont nombreux.
Un conseiller externe aura un regard neutre et fonctionnel. ¨Par son expertise, une méthodologie claire et des outils d’évaluation, il identifiera les dysfonctionnements de l’entreprise et proposera des axes de progrès à mettre en place afin d’optimiser la globalité de la chaîne logistique et optimiser la gestion des stocks, réduire les coûts logistiques, augmenter les taux de service client et réduire les délais.
Toutes les entreprises, devraient se faire accompagner par des conseillers experts en logistique. Le retour sur investissement est quasi immédiat.
Votre entreprise est performante, mais vous avez l’impression de travailler trop souvent dans l’urgence, de dépenser beaucoup d’énergie et d’argent ? L’analyse de votre Supply Chain par un audit externe peut vous apporter la solution.

Pourriez-vous donner un exemple concret d’amélioration que vous avez récemment proposé ?

J’ai réalisé un audit logistique d’un acteur mondial de la bagagerie et accessoires pour produits technologiques. L’axe de réflexion portait sur deux projets, le premier centré sur la maîtrise des flux logistiques et les processus de l’entreprise et, le deuxième, sur un projet d’externalisation de leur entrepôt.
L’analyse des données a été le point clé de cette étude. Cartographier les flux et les process, décomposer les coûts de toute la chaine et analyser les résultats de la consultation externe ont permis d’identifier les axes d’amélioration, de maîtrise les coûts logistiques et de conserver leur propre entrepôt.
Des actions de progrès pilotés par des indicateurs de performance ont été mis en place et le contrôle, la maîtrise des coûts et l’optimisation des flux logistiques sont aujourd’hui leur priorité.

Comment voyez-vous évoluer la distribution en France ?

Le secteur de la grande distribution en France est l’un des plus concurrentiels d’Europe et développer ou conserver sa part de marché face aux géants de l’e-commerce devient de plus en plus compliqué.
La distribution en France est en pleine évolution, les modes de consommation et les attentes des consommateurs ont extrêmement changé avec le développement de l’e-commerce, les services associés à la vente en ligne et la généralisation des smartphones qui rendent l’achat plus facile.
Les deux modèles de distribution, magasin physique et e-commerce, sont complémentaires et il est important d’être présent dans les deux modèles. Proposer plus d’offres personnalisés et de services à la livraison lorsque les consommateurs font leurs achats en magasin peuvent faire la différence.
La collaboration entre enseignes afin d’attirer plus de clients continuera à se développer. Hors de France, nous commençons à observer déjà des alliances entre spécialistes de l’e-commerce et de la grande distribution.

Ou en est-elle en termes de digitalisation ? Quels sont les freins et les principaux écueils à éviter ?

Toutes les enseignes se sont lancées dans l’élaboration d’une vraie stratégie digitale et elles sont de plus en plus à l’écoute des évolutions des modes de consommation des clients afin de pouvoir faire face aux grands acteurs de l’e-commerce.
Le passage au numérique est désormais présent, plus de 50% des points de vente sont équipés d’écrans et des solution digitales, certains magasins proposent à leurs collaborateurs des tablettes permettant d’interagir avec les clients, les caisses d’auto-encaissement, les offres de couponing électronique, les bornes tactiles, les étiquettes électroniques pour fiabiliser la gestion des prix, le recours au bigdata pour étudier les actes d’achats des consommateurs et proposer des produits plus adaptés sont de nombreux exemples qui témoignent d’une forte évolution du digital dans la distribution.
ette transformation digitale doit suivre un objectif clair. Elle doit se centrer sur l’expérience client sans omettre la rentabilité de l’organisation.
Le manque de moyens financiers alloués au digital, la conduite du changement et la sécurité des données figurent parmi les freins et les blocages le plus levés lors des projets de digitalisation. Il faut donc construire une vraie stratégie digitale et cohérente alignée aux objectifs de l’entreprise.

La société Amazon fait elle référence dans ce domaine ?

En effet, Amazon est une des entreprises modèles de l’économie moderne en termes de maîtrise de la digitalisation, de la Supply Chain et de la relation simple et directe avec le consommateur. Amazon est à l’origine de la transformation du comportement d’achats des consommateurs de ces dernières années, et elle est inéluctablement en avance par rapport à tous ses concurrents en France
Amazon a révolutionné la distribution digitale, mais avant tout sa réussite repose sur un modèle centré sur une croissance des volumes et une stratégie avant tout logistique (réduire ses coûts, obtenir un avantage concurrentiel, proposer un service innovant et une expérience client améliorée).

Quels conseils donneriez-vous à un chef d’entreprise (à part celui de faire appel à vous) ?

Aujourd’hui, la faculté de se remettre en question et accepter le changement est devenue essentielle pour tout dirigeant. La Supply Chain est étroitement liée aux systèmes d’information de l’entreprise, les connaissances et les compétences des collaborateurs, les processus internes et l’amélioration continue, malheureusement ces interactions font défaut dans les PME ou dans les ETI.
Effectuer un diagnostic interne de votre chaine d’approvisionnements et du fonctionnement de l’entreprise est souvent compliqué. Par manque de temps ou de ressources il est difficile de se lancer dans un tel processus au combien nécessaire pour améliorer la performance opérationnelle de l’entreprise. Faire appel à un expert externe ne peut être que bénéfique.

Externaliser ?

L’offre actuelle de services permet d’externaliser la quasi-totalité des actifs d’une entreprise.
Le transfert d’une partie des activités est souvent définitif et une étude approfondie est nécessaire. Ceci requiert une approche rigoureuse et une réflexion à moyen terme de la direction stratégique de l’entreprise afin d’assurer sa pérennité.
Nous avons remarqué au travers de nos propres expériences que les facteurs majeurs dans le choix d’externalisation de la logistique dépendent de la nature de l’activité de l’entreprise, de la complexité de la chaîne logistique et de la maturité logistique de l’entreprise.
La gestion de projet et la conduite du changement doivent faire partie de tout projet d’externalisation. Une erreur peut se révéler très coûteuse tant financièrement qu’humainement.
Bien que la tendance de l’externalisation soit à la hausse, l’internalisation refait son apparition et de nombreuses entreprises reviennent discrètement sur ce modèle. Évidemment, les adeptes de l’externalisation s’opposent radicalement aux pratiques de l’internalisation.

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